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Par Odile Massart
Par Jean-Philippe Jarlaud
Quand on s'intéresse à la photographie, on croise forcément des photographies de Nan Goldin. Et je n'aimais pas ces images de marginaux, hors codes esthétiques; le journal intime, ce n'était pas mon truc. Jusqu'au moment où j'ai vu son installation vidéo "Soeurs, Saintes et Sibylles".
Dans une ancienne église, un échafaudage, 3 pans de murs-écrans, une plate-forme pour les regardeurs; en contrebas, la reconstitution d'une chambre. Celle la soeur de NG, Barbara, qui s'est jetée sous un train alors que Nan avait 11 ans. Elle ne supportait plus les attentes sociales, familiales extrêmes pesant sur les filles des années 50/60.
À 18 ans, un psychiatre prédit à Nan Goldin qu'un jour elle se suicidera comme sa soeur. Alors elle se met à photographier. Le traumatisme devient création artistique. "Je croyais que la photographie était la seule chose qui pourrait me sauver la vie."
Elle photographie les corps de ses ami.e.s, le sien, corps marginalisés, malmenés, violentés, malades. Mais qui parlent autant de mort que d'amour de la vie, d'amitié.
"Soeurs, Saintes et Sibylles", donc. Les images du diaporama défilent sur les 3 écrans: de sa famille, de sa vie, de son cercle. C'est dense, cruel, poignant. C'est un mausolée. Ses photographies, nées d'un drame personnel, sont un hymne à toutes les femmes qui ont été détruites, enfermées par la société, la domination masculine, et aux femmes qui se rebellent mais paient le prix fort.
Des années après, la même boule dans la gorge est là.
https://tdnangoldin.wordpress.com
http://sainagasydadabe.blogspot.com/2014/05/goldin-nan-soeurs-saintes-et-sibylles.html
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